4 Variations, pour percussion et ensemble (2000)
Commande de l’Ensemble Intercontemporain
Œuvre dédiée à Daniel Ciampolini

Depuis Pour l’image en 1986, la musique de Philippe Hurel est marquée par la gestion d’éléments hétérogènes, a priori incompatibles, et par un jeu sur l’ambiguïté des situations sonores. Dans cette œuvre, Philippe Hurel crée un paradoxe nouveau dans son parcours : écrire une œuvre pour vibraphone soliste et ensemble de chambre, sans adopter systématiquement l’idée du concerto. L’individualité du soliste est écartée au profit d’une équivoque instrumentale : le vibraphone est souvent doublé par des instruments de nature similaire, le piano avec pédale ou le marimba par exemple, comme pour en démultiplier la sonorité, et les rares moments où il est entendu seul, sont délibérément les moins virtuoses de la partition (même s’ils restent d’une grande difficulté d’exécution). La pureté de sa sonorité, tranchant d’abord avec les autres instruments, sera peu à peu détériorée par des doublures de sons inharmoniques (piano préparé, gongs, cloches à vaches, et enfin peaux), comme pour mieux l’absorber dans le timbre global de l’ensemble.

Une autre caractéristique de l’art de Philippe Hurel réside dans un réseau de relations entre les différentes œuvres, emprunts ou clins d’œil d’une composition à l’autre. Ici la partition utilise un très court extrait du récent Tombeau in memoriam Gérard Grisey, pour piano et percussion. D’autres allusions à cette pièce, plus diffuses mais sans doute plus profondes, concernent une attitude générale vis à vis de la composition musicale : une volonté de dépouillement d’abord, car Hurel, souvent prolixe, incline ici vers la rareté du matériau ou la mise à nu des instruments ; une grande liberté créatrice enfin, car l’assouplissement des techniques et des systèmes que le compositeur s’imposait il y a peu, son goût de plus en plus assumé pour les formes en variation et les boucles « répétitives » qui se transforment, jusqu’alors en filigrane, la liberté dont il use à employer les matériaux les plus divers, sont autant d’éléments qui témoignent d’une nouvelle maturité de son style.

D’après un texte de Jerôme Baillet in Insit

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© 2007-2010 - Philippe Hurel et Gilles Pouëssel