Tour à tour, pour orchestre
Commande du Oslo Filharmonien et de l’Etat français (ministry of culture)

« Tour à tour » fait partie d’un cycle de pièces comme Cantus, Phasis, Step, que j’ai écrites depuis 2006 et dans lesquelles le travail sur le timbre a repris une grande place. Après plusieurs tentatives de remise en valeur de la « mélodie » dans ma musique, ces pièces, tout en étant en partie contrapuntiques, se distinguent au contraire par un travail sur la fusion sonore et la synthèse des sons. Dans « Tour à tour », j’ai renoué avec l’une de mes préoccupations de jeunesse, la recherche d’une ambiguïté entre la perception du timbre et celles des lignes.

Comme son titre l’évoque, cette pièce est un jeu d’apparition et de disparition, d’alternance et de variation de plusieurs situations musicales très typées et reconnaissables. Ainsi, la grande première partie de la pièce, vive, énergique et colorée est interrompue par 3 grandes sections douces et expressives dont les cordes sont les protagonistes. Les motifs mélodiques qu’elles font entendre alors, sortes de vagues qui se transforment lentement en des gammes ascendantes ou descendantes, sont présents aussi dans les autres sections de cette première partie et joués alternativement par différents groupes instrumentaux. Il sont particulièrement reconnaissables quand ce sont les bois et les percussions qui, à l’unisson, les jouent dans le registre aigu et de manière extrêmement pulsée et rythmique.

Les autres parties de la pièce obéissent à ce désir d’alterner des combinaisons sonores de nature différente. Ainsi, dès la seconde grande partie, d’autres matériaux apparaissent  alternativement et sont progressivement érodés pour ne laisser place peu à peu qu’à de simples impacts verticaux séparés par de longs silences. La  longue coda qui conclut la pièce apparaît  à la fois comme une libération de l’énergie sonore et une stabilité enfin retrouvée. L’orchestre fait alors entendre des masses sonores fusionnées et aucun groupe ne se distingue des autres. Le jeu de d’alternance, de « tour à tour » est alors fini.

Philippe Hurel

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© 2007-2010 - Philippe Hurel et Gilles Pouëssel