…à mesure, pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, vibraphone et piano (1996)
Commande de Radio-France et de Court-circuit

Comme dans Leçon de choses (1993), et Pour Luigi (1994), j’ai tenté de créer des situations musicales hétérogènes qui finissent toujours par se confondre en une seule. Dans mes œuvres antérieures, les états de départ et d’arrivée étaient, en règle générale, définis à l’avance de sorte que le travail de composition consistait à les relier par des processus ou des superpositions de processus variés. Dans cette nouvelle pièce, contrariant mes habitudes, j’ai laissé se développer certaines cellules mélodiques et rythmiques de manière à ce qu’elles m’entraînent vers des situations inconnues. Si ce travail de développement n’est en rien une nouveauté en soi, il l’est pour moi, dans la mesure où les ossatures de la plupart de mes œuvres sont généralement plus déterminées qu’ici. De plus, au lieu de faire seulement évoluer des situations musicales les unes vers les autres, j’ai essayé de superposer des éléments qui n’entretiennent aucun rapport direct entre eux, les obligeant à se rencontrer tels des feux croisés, tirs visant la même cible. Ainsi, le début de la pièce fait entendre trois couples (flûte - violon, clarinette basse - violoncelle, vibraphone - piano) qui, bien que jouant des éléments très différenciés, voire contradictoires, se mélangent progressivement en un continuum rythmique. Plus tard, ces couples changeront (2 bois, 2 cordes, 2 claviers) et joueront à tour de rôle de courtes séquences rythmiques proches d’un certain swing venu du jazz, accompagnés chacun à leur tour par des accélérations et décélérations rythmiques venues d’un autre “univers” musical. Ces processus se développeront jusqu’à la partie rythmique centrale ou chaque intrument, enfin autonome et délivré de son double, progresse de façon chaotique pour finalement se caler sur les autres en des “boucles” pulsées. Enfin , comme dans mes autres pièces, ... à mesure propose un jeu d’anticipations et de retours en arrière proches du flash-back cinématographique. Ainsi la fin de la pièce, scandée par des octaves qui se répètent de plus en plus rapidement, est déjà partiellement entendue au milieu de la pièce lors d’une longue polyphonie rythmique.

Cette pièce a été écrite pour mes amis de Court-circuit; elle est dédiée à Pierre-André Valade.

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© 2007-2010 - Philippe Hurel et Gilles Pouëssel